Mon appréciation de Blade Runner 2049… Hmm… pas facile…
Je vous livre les commentaires suivants sans mettre des
détails qui pourraient gâcher l'expérience de celles et ceux qui ne l'ont pas
vu.
Blade Runner (l'original) est le film que j'ai le plus aimé et
que j'ai le plus vu au cinéma dans ma vie. J'allais donc voir 2049 en me
doutant qu'il ne surclasserait pas le premier, mais avec l'espoir d'en
ressortir néanmoins ravi). Je souhaitais surtout vérifier si, oui ou non, le
film mérite l'étiquette de "Blade Runner".
La vérité, c'est que c'est dur à dire. Par moment, oui, on s'y croit. Certains plans
sont clairement en continuité du film de Ridley Scott. Par contre, à d'autre
moments, on n'y est plus du tout et l'illusion est brisée. Blade Runner (l'original) est un film sombre
où la très vaste majorité des scènes sont surchargées de détails. C'est ce qui
fait, entre autre, qu'on peut le revoir plusieurs fois et toujours y découvrir
des choses qui nous avaient échappées lors de précédents visionnements. Dans
2049, par contre, plusieurs scènes sont dénudées, tournées sur fond de simples
murs blancs, et de nombreux plans sont beaucoup trop lumineux pour être du
Blade Runner.
Pour la continuité, j'aurais aimé sentir que j'étais dans le
même Los Angeles, mais qui aurait vieilli — en pire, je suppose. Au lieu
de ça, j'avais l'impression d'être ailleurs. Le sentiment obsédant de la
surpopulation, dans le premier film, où les gens sont aussi nombreux
qu'anonymes, manque au nouveau film. Et les personnages secondaires n'ont
malheureusement pas la profondeur ou l'originalité de ceux de 1982.
Dans l'original, on sentait une sorte d'indifférence
générale face au sort réservé aux Replicants. Ici, on est témoins d'un
"racisme" haineux qui ne faisait pas partie du film original.
Blade Runner nous avait gratifié de la musique de Vangelis, si
réussie qu'elle devient pratiquement un acteur additionnel. Dans 2049, malgré des tentatives ici et là de
recréer cette atmosphère musicale, on y parvient peu et mal.
Même le jeu de Harrison Ford rappelle mal le Rick Deckard de
1982. Autant j'ai jadis adoré Ford, autant je trouve qu'il "n'acte"
plus. Ce Rick Deckard n'est en rien différent du Han Solo de Star Wars 7.
Vous entendrez peut-être parler de combien le film de
Villeneuve soulève des interrogations sur ce que c'est d'être (ou pas) un être
humain, et sur la nature profonde des relations interpersonnelles. C'est vrai.
Sauf que Blade Runner "1982" le faisait déjà. En fait, c'est une
thématique relativement familière. Les fans de Ghost In The Shell (le manga/animé
japonais, pas la chose hollywoodienne qu'on nous a servie récemment), par
exemple, sauront de quoi je parle.
Ne vous y trompez pas: Blade Runner 2049 est un beau film.
Sans surprise, d'ailleurs; Villeneuve nous ayant habitué à des réussites
cinématographiques. C'est également un bon film. Le scénario est bien ficelé et
s'inscrit bien dans la continuité du premier. Il laisse d'ailleurs pressentir
une suite potentielle.
Mais je dois admettre qu'à aucun moment, je n'ai eu ces
papillons, cette chair de poule, cette excitation que j'ai ressentis devant
Star Wars VII, Mad Max ou Jurassic World… ce feeling d'être de retour dans un
univers familier et adoré. Je pense que
c'est là ma principale déception.
Je sais que je vais devoir revoir ce film pour m'en faire
une idée définitive. Ma première impression c'est qu'il est bourré
d'ingrédients pour réussir le défi, mais que peu de chose ont été poussées à
leur plein potentiel.
Allez voir 2049, parce que c'est un beau et bon film. Allez
le voir parce que c'est un grand film, à plusieurs points de vue, et parce qu'il
en vaut la peine.
Je vous souhaite d'y trouver ce que j'y ai cherché en vain.