“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”

― Arthur C. Clarke

20070928

Sous le signe de l'eau

Y'a des jours avec et des jours sans.

Ce jour d'hui était sans conteste à classer dans la seconde catégorie. Je l'ai passé morose, au boulot, à penser à ce que je pourrais bien faire de ma soirée. Même la cloche — imaginaire — sonnant la fin de la journée de travail du vendredi (TGIFF comme on dit) n'a pas su me requinquer comme c'est habituellement le cas.

Je quitte le centre-ville via le transport des communs. Je sors du merde-trop et constate qu'il tombe des cordes. Le déluge. J'ai trois petites minutes à marcher pour atteindre l'habitacle salutaire de ma voiture mais je dois me résoudre à franchir cette distance sous les trombes d'eau impitoyables qui battent les pauvres têtes verdunoises.

Je m'y résigne. Lève le col de ma veste, rentre la tête dans les épaules, plisse les yeux, serre les dents et m'élance. L'eau tombe drue. J'ai l'impression d'être entré sous la douche en ayant oublié de me dévêtir. Des rigoles rigolent sous mes pas et s'infiltrent sans pitié dans mes chaussures de cuir noir.

Dans la rue, les voitures passent conduites par des quidams pressés de rentrer chez eux; empressement qui leur donne le pied pesant et très peu d'estime pour les badauds qu'ils arrosent abondamment. J'atteints l'auto, détrempé. Je passe mes mains dans mes cheveux pour que l'eau cesse de me couler dans les yeux. Mauvaise idée. J'ai redirigé le courant vers ma nuque et j'ai maintenant les mains aussi trempées que si j'avais fait pipi dessus. Découragé, je les essuies vaille que vaille sur le tissus des banquettes.

Une goutte surdimensionnée perle au bout de mon nez. J'attrape mes clés du bout des doigts, mets le contact, active le dégivreur pour libérer mes fenêtres de la buée qui y a élu domicile et me rend chez moi en tâchant de faire gaffe aux piétons.

Je parviens à ma porte plus saturée d'eau que le St-Laurent. J'entre et me dévêts sur le pas de la porte sans même prendre le temps de la refermer. J'ai retiré mes chaussures pour ne pas mouiller le sol, ce qui se révèle être une initiative tout à fait ridicule tant mes chaussettes sont détrempées. Je fonce à la salle de bain, m'éponge avec une serviette puis je mets mes vêtements à sécher en espérant que mon habit ne soit pas une perte totale.

De retour près de la porte, j'aperçois le parapluie tout sec qui me nargue contre le mur. J'ai négligé de l'emporter ce matin, me fiant à ma bonne étoile, ayant oublié que celle-ci brille rarement en plein jour.

Je referme la porte d'entrée en jetant un dernier regard à l'extérieur pour me rendre compte qu'il ne pleut plus.

Heureusement que le week-end commence, me dis-je en me préparant du café bien chaud.

Quelques instant plus tard, le silence m'appelle. Le bruit familier de la cafetière a cessé, je vais pouvoir me réchauffer le corps et l'âme et oublier ma petite mésaventure délugesque.

Puis je constate que j'ai oublié de mettre la poudre de café dans le panier. J'ai une belle carafe d'eau chaude à mettre dans ma tasse. Je verse le tout dans l'évier en soupirant.

Je crois que je vais rester sagement chez moi ce soir.

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LA DETTE DU QUÉBEC