Faut que je vous raconte celle-là… C'était il y a plusieurs années… autour d'une dizaine. Dans le temps, j'habitais encore le 6 et demi avec Yohan et sa maman. Il devait être autour de 10H00 du soir. Sylvie était couchée, Yohan aussi, of course. Moi j'étais dans le bureau à jaser avec des amis sur mIRC.
Tout d'un coup, j'entends des coups frappés à ma porte. Des gros coups, pas un petit cognement discret. Déjà, au départ, c'est étonnant. J'ai une sonnette qui fonctionne… j'vois pas pourquoi on bûche dans ma porte. Bon, j'me lève et j'emprunte le couloir menant à l'entrée avant de l'appartement en me demandant ce qui se passe. J'ai un flash… des voisins à côté ont passé la journée à déménager… peut-être que c'est juste du vacarme… peut-être qu'on ne cogne pas chez moi…
Que je vous explique… cet appartement possédait un tout petit vestibule. La porte extérieure était vitrée mais il y avait une seconde porte en dedans, à moins de deux mètres, et celle-là était pleine.
J'arrive donc à la porte pleine… je tends la main vers la poignée et j'entends qu'on entre déjà chez moi, de l'autre côté!
J'ouvre la porte intérieure, déjà prêt à remonter les bretelles de l'importun et… je tombe face à face avec deux armes à feu. Sur chaque arme, y'a une main prolongée d'un bras qui mène à un flic.
"Police! Lève les mains! Recule! Recule" me crient-ils tous les deux.
"Wooooooo" je fais doucement en reculant tranquillement.
Y'a un gars et une fille. Ils sont visiblement full-adrénaline… des gyrophares éclairent la nuit derrière eux.
"Couche-toé à terre! À terre! Couche-toé su' l'ventre!"
J'apprécie moyennement me faire tutoyer par des étrangers mais j'ai toujours eu du mal à opposer des arguments valides contre une paire de .357 magnum tenus par des excités. Faque me v'là-ti pas étendu sur le plancher du corridor, chez nous, un mercredi soir à dix heures et quelques!
"Les mains derrière la tête! Écarte les jambes! Enwèye!"
"Heille, ça va faire!" que je leur réponds. "J'peux-tu savoir ce qui se passe?"
"Reste tranquille!" est la seule réponse que j'obtiens.
La fille me chatouille la nuque avec le canon de son révolver tandis que son partner me fouille. Chose assez vite faite parce que je porte des sweat pants pis un coton ouaté. N'empêche, mes amis, qu'avoir à la base du crâne le noir orifice d'un canon de Ruger, c'est pas confortable pantoute. Pendant l'éternité que durent ces quelques secondes, on y songe en sacrament que la mort peut jaillir de là. J'avais hâte qu'elle l'enlève de là pis je ne me suis pas gêné pour lui dire.
"Y'a tu moyen d'enlever ton gun de sur ma tête? Pointe ça ailleurs!"
"C'est beau, y'a rien" dit le keuf à sa meuf.
"Ok, tu peux te relever!"
Sur ces entrefaits, Sylvie sort de la chambre, gommée de sommeil. Elle demande ce qui se passe d'une petite voix.
Et les flics de lui demander: "Êtes-vous enceinte, madame?"
Sérieux, à ce stade-là, je cherche quasiment les caméras cachées!
Ils ont toujours leurs armes au poing et répètent leur question: "Êtes-vous enceinte?"
Hébétée, Sylvie répète "enceinte?". "Non…"
Le mec fait rapidement le tour du salon et de mon bureau tandis que la fille me garde en joue.
"Qu'est-ce que t'as là-dedans?" me demande agressivement la femme-flic en pointant la poche ventrale de mon chandail style kangourou. Je la fixe avec des yeux exorbités et je tape frénétiquement ladite poche pour bien lui montrer qu'elle contient la même chose que sa tête.
Les flics commencent à se calmer, contrairement à moi. Ça fait trois ou quatre fois que je leur demande si on peut savoir ce qui se passe mais autant me peinturer les couilles en rouge pour faire croire que ce sont des pommes! Ils m'ignorent.
"Qu'est-ce qu'y a en arrière de cette porte?" demande le policier en mettant déjà une main sur la poignée.
"Là ça va faire!" que je lui réponds sèchement. " Cette porte est condamnée. En arrière, y'a le lit de mon bébé accoté. C'est une chambre double. Si tu veux y entrer, passe par l'autre porte mais j'te garantis que si vous le réveillez, vous avez pas fini d'avoir des problèmes!"
Ils ne sont pas entrés. À ce stade-ci, ils réalisaient qu'ils n'étaient vraiment pas au bon endroit.
Un des deux flics — me souviens plus lequel — marche vers la sortie. Il (ou elle) penche la tête vers le c.b. accroché devant son épaule gauche et y déclare: "Y'a rien au 3791 Gertrude." Une voix dans la radio ajoute qu'il n'y a rien au 3791 Evelyn non plus.
Super. Ils ne savent même pas où ils doivent aller.
La policière fini par expliquer à Sylvie qu'ils ont reçu un appel 9-1-1 d'une femme enceinte qui se disait menacée par un gars avec un couteau.
Je marche jusque sur le balcon avant. Devant chez nous, y'a quatre (yup, 4!!!) auto-patrouilles parkées tout croche avec les cerises allumées pis une demi-douzaine de flics qui jasent entre eux, perplexes.
Tous mes voisins à distance d'apercevoir les clignotements rouge et bleu sont sortis et m'observent étrangement. Moi, je souris bêtement et salue de la tête comme un abruti.
Les flics sont repartis sans jamais s'excuser. Je ne leur en veux pas trop. Ils font un métier difficile. La majorité des blessures qu'ils subissent survient au cours d'interventions dans des chicanes de ménage. Pis, une femme enceinte menacée à l'arme blanche, on ne niaise pas avec ça. N'empêche qu'un petit mot pour dire qu'ils étaient désolés, ça n'aurait pas été un luxe.
Mais bon… ils avaient encore une femme en détresse à secourir (s'ils la retrouvaient!).
Éventuellement, Sylvie est retournée au lit et moi à l'ordi. De retour sur le channel IRC, j'ai commencé à taper:
"Les mecs, vous ne croirez jamais ce qui vient tout juste de m'arriver…"
“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”
― Arthur C. Clarke
― Arthur C. Clarke
20071013
Fuck up
Commis par Cyberyan à 11 h 55
Cybertag : Random thoughts
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4 cyberblabla(s):
j'avoue que ça doit mal réveiller un matin!!
En fait, je sais pas si c'était clair dans le texte, mais il était dix heures du soir passé! :P
Merci beaucoup de tes visites et commentaires, ch'est chentil! :o)
Cy
J'aime mieux les témoins de Jéhovah comme réveil...!
J'avoue qu'une femme enceinte qui est menacée par un homme armé d'un couteau, on ne niaise pas avec ça mais leur manque de délicatesse me surprend vraiment. Faut croire que les excuses ne sont pas incluses avec le service ;-)
Comme ils ne semblaient pas trop savoir où aller, ils ont du faire quelques "surpris" dans le quartier, à la recherche du fameux malade au 3971.
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