Rendez-vous compte... des gouvernements minoritaires au Fédéral et au Provincial! Pour peu, on se croirait en Italie :o)
Sérieux, ça ne risque pas de se produire souvent dans une vie. À moins que les courants n'aient commencés à tourner et que cela devienne désormais quelque chose de fréquent.
Oui, dans ce billet, je comptais effleurer le sujet de la Politique. Ceux que ça emmerde ne sont absolument pas tenus de rester. Qu'ils aillent m'attendre au billet suivant, je ne serai pas long. (ici, je vous fais remarquer qu'il m'eût été facile d'ajouter un gag débile du genre "de toute façon, c'est ce que ma copine me reproche toujours", mais vous commencez à me connaître; je n'aime pas faire dans la facilité).
En fait de discussion politique, j'avais envie de vous exposer un sujet et voir quels seraient vos commentaires. Honnêtement, ça me chicote! C'est un truc dont j'ai parlé avec parents et amis et, à mon grand étonnement, il appert que certains d'entre eux divergent de mon opinion à un tel point que je ne comprends même pas leur logique. Habituellement, je peux être en désaccord mais je sais admettre le bien fondé — ou à tout le moins, la pertinence — d'un raisonnement. Mais là, non.
Je m'explique:
À une occasion lors d'un souper de famille après les élections provinciales, je m'étonne à haute voix que l'ADQ soit allée chercher autant de vote au PQ et qu'au fédérales, les Conservateurs ont fait de-même au dépend du Bloc (amis français, je m'excuse d'être si peu international dans mes propos; je compte clarifier dans les prochaines lignes, ne serait-ce que pour vous confirmer que le PQ est un parti politique et non du papier-cul).
Mon étonnement a semblé en étonner plusieurs.
C'est que j'ai eu le malheur de mettre ce mouvement de masses sur le compte du manque d'éducation politique de la population en général.
Tollé à table.
Pourtant, la plupart d'entre-nous le savent, les tendances politiques sont schématisées par une ligne horizontale imaginaire. À gauche, les socialistes, à droite, les conservateurs. En fait, c'est un peu plus complexe que ça. Dans d'autres pays où les gens ont le choix entre plus que 4 partis, on se sert habituellement d'une croix. En haut, le libéralisme (le vrai, celui qui tutoie l'anarchie) et en bas, l'autoritarisme (ou fachisme). La droite et la gauche ne varient pas bien que certains schémas inversent le haut et le bas.
(Mon Dieu! Me reste-t-il des lecteurs?)
Au Canada et au Québec, donc, on a pas les nuances qu'on retrouve ailleurs. Les partis, quoi que d'idéologies différentes, sont relativement tous plus ou moins au centre. On peut aisément les faire tenir sur une ligne et se dispenser de la croix (ce qui n'est pas plus mal en ces temps troubles d'accommodements raisonnables):
Bon, c'est fait maison, mes positions ne sont peut-être pas exactement "su' la coche" mais en gros c'est ça. J'ai volontairement omis les autres partis pour minimiser la confusion mais que cela ne vous empêche pas de voter Vert aux prochaines :)
À gauche, on a le Nouveau Parti Démocratique au Fédéral, pis Québec Solidaire au Provincial. Ce sont des partis à tendances socialistes.
- Ils prônent l'état-nounou. Le gouvernement régit tout (système de santé universel, no-fault).
- Les syndicats sont tout-puissants.
- On impose et on taxe à mort pour financer nos lubies. Ça fait fuir les employeurs, augmenter le chômage et la charge publique pour faire vivre les sans emplois
- On vise la gratuité de l'éducation.
- On dépense des fortunes sur les services sociaux.
- On subventionne à outrance (quoique cela devienne de plus en plus difficile à cause des traités de Libre Échange)
- On nationalise à tous vents (Électricité, Loteries, Alcools, ça vous rappelle quelque chose?)
- Très peu enclin à encourager l'entreprise privée et le milieu des affaires.
- On porte une attention élevée à l'environnement.
- On est pro-choix et on évalue sérieusement les questions de suicide assistés, euthanasie.
- Généralement, ces systèmes finissent par s'effondrer sous le poids de la dette qu'ils accumulent.
Plus on va vers la droite, plus ça se raidit (y'a qu'à voir les clowns de Doublevébouch au sud de la frontière).
- L'état interfère le moins possible.
- On diminue taxe et impôts mais ce sont surtout les riches particuliers et les corporations qui en profitent. Cependant ça favorise les investissements et l'emploi.
- On abolit le plus de programmes sociaux qu'on peut.
- On vote des lois plus sévères, plus punitives, moins portées sur la réinsertion sociale. (peine de mort)
- On est plus enclin à restreindre les libertés personnelles au nom de la morale ou de la religion (donc, avortement illégal, âge de consentement sexuel élevé de quelques années)
- On ne veut rien savoir de l'environnement, seul l'argent compte.
- On ne souhaite pas de système de santé universelle ni d'instruction gratuite. On défend le principe de l'utilisateur-payeur. En bout de ligne, les riches sont instruits et en santé, ils gardent le pouvoir.
- On limite la liberté d'expression, on aime pas que l'autorité soit contestée ou remise en question (notez que ce point se retrouve aussi tout à gauche de l'échelle)
- On privatise tout ce qui nous tombe sous la main
- Ce sont en réalité les lobbyistes et divers groupes de pression qui gouvernent le pays
Entéka, ça vous donne une idée du contraste. Or, lors des dernières élections Fédérales, nous avons été témoins de l'exode du vote Bloquiste vers le ciel Bleu des Conservateurs; idem au provincial mais c'est le Parti Québécois qui a fait les frais de la remontée des Adéquistes. Oui, Québec solidaire a fait du tort au PQ, mais ça n'est pas le 4% de votes qu'ils ont eu qui a fait la grosse différence.
Ce sont des québécois qui ont choisi d'appuyer un parti de droite alors qu'ils votaient traditionnellement à gauche!
Savent-ils vraiment ce pour quoi ils ont voté? Sont-ils conscients, pleinement conscients, des idéaux qu'ils appuient actuellement? La médecine à deux vitesses, par exemple.
On me dira: oui mais les québécois n'ont pas tous voté POUR Stephen Harper, ni POUR Mario Dumont. Plusieurs ont choisi ce qu'on appelle "un vote de protestation". Dumont possède un très gros avantage que les autres n'ont pas: son parti n'a jamais été au pouvoir. C'est donc le seul, en ces temps de désabus face à la question politique, qui n'ait rien à se reprocher.
L'ennui, mes drôles, c'est que lorsqu'on vote CONTRE quelqu'un, on vote en même temps POUR quelqu'un d'autre. On l'accrédite. On l'appuie. On cautionne à crédit ses initiatives futures.
Et c'est ainsi qu'on se réveille un beau matin, et que Stephen Harper et sa gang de pisse-vinaigre ont nominé à la Cour Suprême un juge ultra conservateur dont la farouche opposition au libre choix à l'avortement est de notoriété publique. C'est ainsi qu'en douce, (heureusement qu'ils sont minoritaires, les salauds!), les conservateurs de Harper veulent modifier la loi sur le consentement sexuel pour le faire grimper de 14 à 16 ans. Un ado de 17 ans qui coucherait avec une jeune fille de 15 se retrouverait ainsi hors-la-loi.
Je ne m'explique pas ces passages de la gauche vers la droite. La population du pays n'est certainement pas devenue toute raide et froide, tout d'un coup, comme ça, troquant ses anciennes valeurs pour de nouvelles qui leurs sont opposées...
Et vous, la petite minorité qui avez lu ce billet jusqu'ici, vous en pensez quoi?
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Petit lexique à l'intention de nos potes d'ailleurs
ADQ = Action démocratique du Québec; exclusivement sur la scène Provinciale, ce parti est né de la défection d'anciens Libéraux; Mario Dumont en est le chef, encore très jeune, il était auparavant Président des Jeunesses Libérales du Québec.
BQ = Bloc québécois; ne fait élire des députés strictement qu'au Québec et les envoie siéger à Ottawa pour emmerder le reste du pays. Officiellement, il se donne pour mission de "veiller aux intérêts du Québec".
Conservateurs = Un des deux partis majeurs qui alterne au pouvoir au Fédéral, et dans certaines provinces. N'a pas de réelle présence au Québec mais appuie de sa machine électorale les campagnes de l'ADQ.
Libéraux = Un des deux partis majeurs qui alterne au pouvoir, autant au fédéral qu'au provincial
NPD = Parti Néo-Démocrate, au Fédéral; plus populaire dans l'Est, les provinces maritimes, là où le chômage est élevé (le NPD commence à pointer son nez dans le portrait québécois mais demeure une quantité négligeable)
PQ = Parti Québécois; exclusif à la scène provinciale du Québec, prône l'indépendance de la province bien qu'ils aient à ce jour gouverné à maintes reprises sans l'obtenir. Leur côté plus socialiste les différencie en outre des Libéraux.
Québec Solidaire = Né d'une partition dans le PQ; formé du "hard core" des membres péquistes, les purs et durs qui ne veulent rien d'autre que la séparation du Québec
“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”
― Arthur C. Clarke
― Arthur C. Clarke
20071020
On vit une époque formidable!
Commis par Cyberyan à 08 h 03
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4 cyberblabla(s):
De mon point de vue, je crois que l'on peut expliquer se passage à droite par un ensemble de facteurs :
D'abord, comme tu le dis dans ton post, il y a le vote de protestation. Au provincial, comme l'ADQ n'a jamais été au pouvoir, les gens ne semblent pas voir les défauts du parti adéquiste, ou ne veulent pas en prendre conscience. D'ailleurs, sous le coup de la colère, je me demande combien de personnes se sont vraiment interrogées sur les politiques de l'ADQ? On cherche juste une nouvelle solution que l'on a pas encore essayé, comme s'il fallait vraiment se foutre la main au feu pour constater qu'il est brûlant plutôt que de se fier à ce que l'on voit (le bois qui crame). Au fédéral, les Libéraux n'ont vraiment plus la cote, le Bloc ne satisfait pas non la population, le NPD est à peu près invisible, alors on ne se pose pas plus de question et on vote pour ceux qui reste, les Conservateurs, sans réfléchir à ce que ça implique vraiment. Comme si une solution jamais essayée était forcément meilleure qu’une essayée, mais insatisfaisante!
Peut-être y a-t-il là-dedans un peu d’abdication, aussi? On abandonne les partis de centre ou de centre-gauche parce que l’on croit qu’ils ont atteint un point où ils ne peuvent plus changer, et qu’il faut à la chambre des communes du sang neuf?
Il y a aussi les promesses! Aux dernières élections, l'ADQ a promis de l'argent pour les familles (je ne me souviens plus combien ils veulent donner en allocation par enfant). Et bien, le père d'Alex me racontait qu'une jeune fille qu'il connaît clamait haut et fort qu'elle n'avait jamais voté de sa vie, mais qu'à cause de cette promesse (elle était enceinte à ce moment-là), elle irait voter pour l'ADQ (et elle l'a fait!). D'accord, il ne s'agit d'une personne, mais je n'ai pas de difficulté à imaginer que d'autres gens aient eu des réactions semblables. On a dit que l'ADQ avait, dans ses discours électoraux, réussit à rejoindre l'homme moyen, les gens des régions, etc. Et bien, je crois que c'est le cas.
Dans cet ordre d'idée, je crois aussi que l’ADQ attire ceux qui en ont contre l’élitisme (ou du snobisme), ou contre Montréal (ce qui est souvent associés dans l’esprit des campagnards que je connais). De ma propre expérience, je dirais que la tolérance des gens des régions est très en baisse (la virulence contre les accommodements raisonnables en est un signe), et que le ressentiment contre le côté intellectuel et multiculturel du Québec grandit. On devient aussi intransigeant (les B.S. sont tous des couch-potato et faudrait leur couper l’chèque pour qu’y s’grouille le cul pour une fois dans leur vie!; les universitaires sont tous des fils/fille à papa hippie bébé-gâté qui se plaignent pour rien et pis qui mérite de payer!; on est pas raciste, mais y faut que les gens qui viennent vivent ici soient blancs, catholiques, séparatistes, et pis s’ils le sont pas, faut qu’ils le deviennent!; si t’es assez con pour être malade, tu mérites de payer!; oui, bon, je sais, j’exagère, mais pas tant que ça, et c’est bien ce qui me fait peur...). Une partie du Québec se “droitise” réellement, et ça explique que les gens n’ont pas de remords à voter pour les Conservateurs ou les Adéquistes. La région de Québec semble aussi adopter des mentalités plus radicale : il n’y a qu’à noter le succès des Fillion et Arthur qui crachent sur les autres sous l’acclamation de la population. On devient fier d’être intolérant, de rejeter ce qui est différend, parce que l’on est en colère et qu’on se fait dire qu’on a raison de l’être (bye-bye culpabilité!).
Si tous ces facteurs se combinent, et bien, on l’a notre majorité à droite!
Honnêtement, si les partis de centre ou de gauche ne font pas rapidement un bon coup (ou si les Conservateurs ou l’ADQ ne se plantent pas), j’ai bien peur que ce mouvement de droite ne s’amorce réellement et que le ton du Canada/Québec se durcisse. Est-ce qu’on le regrettera par après? Probablement, et c’est bien ça le pire.
AM:
Wow! Ça c'est du commentaire! :o) J'approuve tes propos et j'y ajouterais même que le ressentiment des régions à l'égard de la métropole vient probablement aussi des fermetures de manufactures et de la mort de l'industrie du bois. Pas de farce, y'a des villages complets qui disparaissent à cause de ça. C'est aussi l'impression que j'ai eue en traversant Chandler. Une ville fantôme depuis la fermeture de la Gaspésia. Et je ne te parlerai pas de Murdochville.
Mais dans l'ensemble, tes propos paraissent s'aligner sur les miens: un tas de gens n'avaient aucune idée de ce qu'ils faisaient lorsqu'ils ont fait leur X.
Ouais, bien, malgré que tu pensais que ça n'intéressait que toi, je pense que tu touches un point que bien des gens partage. Du moins, je le partage avec toi ;) Comme déjà mentionné, je pense que plusieurs ont voté de tel sans trop savoir ce pour quoi ils votaient. Je suis aussi du même avis face au vote des régions pour les élections provinciales. Ont leur a promis de l'attention ce que le partie Libéral ne leur offrait pas de façon aussi importantes. Ils se sentent délaissés et l'ADQ en a profité pour aller les chercher. Une fois tous rassemblés, ces votes sont assez importants dans la balance. D'ailleurs, le partie Liberal et le PQ semblaient oublier l'importance de ces votes et focusaient un peu trop sur les grandes métropoles pour leur votes et c'est en bonne partie ce qui a fait que nous sommes dans la situation politique présente.
Gen:
Observation pertinente :o)
Peut-être devrait-on songer à sensibiliser un ti-peu plus les enfants sur la politique, à l'école.
J'suis pas un maniaque des choses politique mais ce serait formidable d'élever la compréhension générale de quelques crans...
Remarque que ça ne plairait pas aux politiciens... un peuple plus cultivé se manipule moins aisément.
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