Blog.
Je n'aime pas ce néologisme. Il résonne à mes oreilles comme un hymne au comble de la paresse. Un peu comme si "web log" était trop long à dire, trop difficile, trop forçant. Deux syllabes? Allons, c'est ridicule! Coupons ça de moitié!
Qu'est-ce qu'un blog de toute façon? Au départ, le terme évoque un journal. Qu'il soit "intime" ou "de bord", qu'il représente un recueil de pensées ou d'opinions, ou qu'il s'avère en fin de compte n'être rien de plus qu'un fourre-tout où s'empilent, pêle-mêle, une succession de n'importe quoi, le blog est traditionnellement une page web personnelle quotidiennement mise-à-jour.
Au-delà de cette vague définition, je doute qu'on puisse établir des paramètres précis, une description juste et complète, voire un guide sur la manière de créer un blog qui se respecte. Le fait que certains individus aient décidé de définir par des critères rigoureux ce que doit être un blog ne signifie pas pour autant qu'il soit faisable de le faire, ou encore moins que ça soit accepté et reconnu.
Je vogue sur cet océan de mots depuis très peu de temps. Au départ, je n'avais pas la prétention de faire ni de maintenir à jour un web log. J'avais l'envie toute simple de bénéficier d'une tribune pour tenir parents et amis un tant soit peu informés de mon petit quotidien, eux qui me reprochent régulièrement de ne pas donner de nouvelles. De plus, cela s'avérait une soupape salvatrice à cette damnée pression créatrice qui cherche sempiternellement à jaillir de moi. Blogger m'offrait un support idéal pour concrétiser mon projet. Appelez ça un blog ou autre chose si ça vous chante, ultimement ça n'a aucune espèce d'importance.
Voilà donc comment je me suis retrouvé "blogueur" malgré moi.
Je commence à peine à découvrir le monde des blogueurs. Ça non plus, ça ne faisait pas partie de mes objectifs de départ. C'est en maintenant ma page à-jour que je me suis mis lentement à visiter celles des gens qui me laissaient parfois des commentaires. De fil en aiguille, de commentaire en commentaire, de blog en blog, j'apprivoise doucement ce phénomène. À l'instar du nombre de blogs sur la toile, mes découvertes augmentent de façon exponentielle.
Ainsi, j'ai pu apprendre qu'il existe une communauté de blogueurs. En fait, il semble en exister plusieurs. C'est un univers où ceux qui comptent un minimum d'ancienneté se connaissent tous plus ou moins les uns les autres. Certains auteurs se sont même gagnés un important lectorat pour des raisons qui ne sont pas toujours évidentes à première vue (ni même à la deuxième!)
Aujourd'hui fut un jour particulier pour moi dans ce périple virtuel que j'ai entrepris il y a environ trois mois. En visitant la page de L'Ex, j'ai découvert qu'un certain Christian tient un blog tout à fait particulier: Les Blogs Québécois. Sur son petit coin du Net, Christian a entrepris d'analyser, de critiquer et de noter les blogs les plus achalandés de notre belle province.
En toute franchise, j'ai du mal à cerner la démarche de cet étudiant en anthropologie de l'université Laval. Il semble prétendre la justifier ainsi:
" Le phénomène des blogs n'est plus nouveau. En Europe (où j'ai étudié précédemment), les blogs ont plusieurs années d'avance par rapport à ceux du Québec. Le phénomène a connu un essor, puis un déclin depuis un certain temps. De nombreuses études ou descriptions du phénomène ont été effectuées alors qu'au Québec, la littérature à ce sujet est plutôt limitée étant donné son émergence.
Comme ce fut le cas en Europe, le phénomène des blogs fait naître des bijoux de littérature populaire, mais ce phénomène est extrêmement rare et je doute que la qualité linguistique et littéraire générale de la masse québécoise soit suffisamment bonne pour que la blogosphère d'ici atteigne un niveau de littérature minimal acceptable, autant par le contenu que par la forme. Ce site sera en quelque sorte ma modeste contribution à la description du phénomène des blogs au Québec. "
Pour tout vous dire, je me tâte. En gros, Christian semble nous dire dans un premier temps que le phénomène des blogs en Europe a généré des trésors de littérature. Il poursuit en émettant de forts doutes sur les chances des blogs québécois d'y parvenir à leur tour étant données nos aptitudes rédactionnelles que, de toute évidence, il juge très limitées. Il termine en affirmant que son site de critique de blogs sera sa contribution à lui à un hypothétique effort d'élever le contenu du blog québécois à un quelconque niveau littéraire. Visiblement, il paraît croire que c'est l'objectif de tous blogs. À moins que ses billets ne visent qu'à documenter notre médiocrité? Tout ça n'est pas très clair.
Sur sa page, le Christian en question commente, analyse, critique et juge les pages d'autrui selon des critères qui lui sont propres et malheureusement pas toujours objectifs. Car si la qualité de l'orthographe et de la grammaire peut être relativement simple à évaluer, en revanche la "pertinence" de l'existence d'un blog l'est beaucoup moins. Tout comme la "forme" d'ailleurs, qui se veut une chose tout personnelle et que nul ne devrait se croire autorisé à qualifier.
L'exercice de Christian, dont la véritable nature m'échappe, procède à mon avis d'un postulat déficient. J'estime qu'il fait preuve d'une incroyable fatuité en prétendant noter les créations des autres à partir de critères qu'il utilise arbitrairement. Cela ne transparaît pas toujours dans ses billets qu'il tente de garder sobres et dénués d'arrogance, sans toutefois toujours y parvenir.
Personnellement, j'ai accouché d'une page — d'un beuhlog — qui s'avère être un foutoir indescriptible. J'y mets de tout, de n'importe quoi, au gré de mes humeurs et de ce qu'il me sied de partager. D'une certaine manière, elle est un reflet assez fidèle de ma propre personnalité et de mon style de vie. Or, Christian ignore qui je suis. Il ne sait rien non plus de mes motifs de "blogueur". Comment diable pourrait-il prétendre évaluer mon blog?
Je n'ai pas fait l'objet d'une critique de Christian et je doute que ça soit le cas un jour. Je ne suis pas en train d'exercer une ridicule vengeance préventive :o) J'exprime en toute sincérité mon opinion sur une petite sottise, une autre à ajouter à la longue liste commises par mes semblables. Je dénonce, comme je le fais toujours.
Christian juge sur le vocabulaire. Si vous avez le malheur d'être grossier (une faute impardonnable!) vous perdrez immédiatement des points. Fuck! Y'a plein de gros mots sur ma page. Je l'ai voulue ainsi. Je sais écrire correctement lorsque je le juge nécessaire. De la même façon, j'estime qu'un style plus bâclé, plus proche du parler des gens (oui, Christian, ce même parler qui nous gardera toujours à l'écart de l'inaccessible qualité littéraire européenne) transporte avec lui une force de frappe beaucoup plus imposante. Force qui est bien utile dans certains textes. La grossièreté frappe l'imaginaire. Elle traduit l'importance de certains sentiments dans un médium où le ton de voix fait cruellement défaut. Elle souligne. Elle met l'emphase. Elle défoule, même. Le juron est en quelque sorte la loupe virtuelle de la communication écrite.
Christian peut choisir de châtier son langage s'il l'estime nécessaire. Il n'a cependant certainement pas à imposer cette contrainte toute personnelle à ses semblables.
Mais le summum, c'est la prétention qu'a ce peut-être futur anthropologue de juger de la pertinence des blogs qu'il critique. Cet exercice outrageux sous-entend qu'une page personnelle se doit d'avoir une raison d'être. Qu'elle ne saurait se voir reconnaître le droit à l'existence sans avoir démontré qu'elle sert un objectif bien précis, objectif que Christian aura estimé utile.
Songerait-on à juger de la pertinence d'un journal intime? Songerait-on à juger de la pertinence de messages que se laissent amis et parents? Songerait-on à juger de la pertinence d'une toile de peintre? Songerait-on, au département d'anthropologie de l'université Laval, à faire passer des examens aux étudiants sans les informer de la matière à étudier ou de la façon dont les notes seront attribuées, ni même sans qu'ils ne sachent qu'ils seront examinés?
On peut bien évidemment aimer ou ne pas aimer. Mais juger de la qualité au nom de tous… s'arroger une sorte d'omniscience au sujet d'un phénomène qui, par définition, n'a pas de définition précise? Non, désolé, je n'achète pas ça.
Sans que je ne l'ai souhaité ni même anticipé, la masse des gens qui me visitent est désormais constituée majoritairement de personnes qui me sont étrangères. Je n'ai pas commencé ce projet pour eux. J'ignore ce qui les a amené chez moi et encore moins ce qui les y ramène. Mais je suis content qu'ils y trouvent quelque chose qui leur plait ou, à tout le moins, qui justifie qu'ils reviennent. De par sa nature résolument hétéroclite, il est même certain que les motifs des uns diffèrent de ceux des autres. Seul importe que chacun y trouve son compte. Cela vaut tout autant pour la multitude de pages qui forment supposément la "blogoshpère québécoise".
Juger une chose constituée d'autant d'unités de bases, si différentes les unes des autres, à partir de points bien précis qu'on voudrait communs à chacune, ça n'est pas juste futile, c'est carrément idiot.
La manière dont le blog de Christian contribuera à élever le blog québécois au niveau de la littérature traditionnelle, ça dépasse mon entendement. La pertinence même de cet objectif m'échappe tout à fait. Je ne vois dans le travail de Christian qu'un effort mesquin d'élever sa propre page vers les sommets des compteurs web en se hissant sur la tête des autres.
Quand un organisme existe strictement en s'alimentant de l'existence des autres, on l'appelle un parasite. Tout critique, à sa manière, en est un. Mais celui qui critique ce qui n'a pas à l'être est assurément le pire de tous.
Et ultimement, si l'objectif de cet individu se limite strictement à documenter le phénomène du blog québécois, je ne puis que lui suggérer avec insistance de revoir ses critères d'analyses et de se restreindre à une objectivité dont toute étude sérieuse ne saurait faire abstraction.
“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”
― Arthur C. Clarke
― Arthur C. Clarke
20071023
Parasite
Commis par Cyberyan à 02 h 34
Cybertag : Random thoughts
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7 cyberblabla(s):
"La manière dont le blog de Christian contribuera à élever le blog québécois au niveau de la littérature traditionnelle, ça dépasse mon entendement. La pertinence même de cet objectif m'échappe tout à fait. Je ne vois dans le travail de Christian qu'un effort mesquin d'élever sa propre page vers les sommets des compteurs web en se hissant sur la tête des autres."
Je ne peux être plus d'accord avec toi, en le lisant, je ne l'avais jamais lu, je me suis rendu compte qu'il avait entre autre commenté quelqu'un que j'aime bien lire. Il ne voit pas la subtilité ni l'humour. Je crois que c'est un être suffisant, qui se "croit" et qui ne fait que démontré son arrogance. Je ne crois pas retourné sur son blog (web log? tu m'as appris quelque chose, je ne savais même pas que ça avait un autre nom.) :)
P.s. Je reviens sur ton blog parce que tu es intéressant, plein d'humour et me semble bien sympathique :)
Je ne suis pas convaincu que Christian se prend autant au sérieux que tu ne le prétends. Mais je peux faire erreur.
J'aime bien venir ici parce que de toute évidence, ton niveau de vocabulaire surpasse largement ce que j'espère d'un bon blogue et également parce que tu apparais plutôt sympa. :)
dame:
Parce que mon billet était déjà long et que je redoutais d'en décourager la lecture, je n'ai pas élaboré mon propos davantage. Je pense que je le ferai peut-être, question de préciser ma pensée car tout n'est pas à jeter sur son blog. Je partage plusieurs des points de vue de Christian. C'est son approche —voire ses objectifs— que je désapprouve entièrement ;o)
Si mes lecteurs pouvaient apprendre des p'tites choses à chaque visite, j'en serais enchanté! Cela ajouterait un petit quelque chose d'utile au côté agréable. Mais ça n'est pas un objectif que je vise consciemment.
J'espère parvenir à maintenir ton intérêt au fil du temps car j'apprécie beaucoup tes visites et ton feed back! :)
L'Ex:
Tu as peut-être raison. Si c'est le cas, ne devrait-il pas le mentionner? On parle ici d'un étudiant en anthropologie (!) qui présente (mal) sa démarche dans son premier billet...
Je suis bien content de te compter parmi mes visiteurs, d'autant plus que je lis régulièrement tes posts.
Savais-tu que c'est ton blog qui m'a entrainé dans cet univers? :o) Voilà peut-être une histoire à garder pour plus tard :)
Bizarre, cette analyse. Je parle de celle du héros de ton billet d'humeur. Car si je suis prêt (avec quelques réticences) à croire que le phénomène "blog" a quelques années d'avance dans notre vieille Europe par rapport à la Belle Province, je ne vois pas en quoi, et sur quels critères supposés, on peut préjuger des qualités littéraires des Québécois ! S'il en va des blogs comme des sites internet, les références francophones dans de nombreux domaines se situent outre-Atlantique (enfin, outre par rapport à moi) ne serait-ce que par le sérieux, l'intelligence, l'organisation structurelle et le contenu qu'ils mettent en oeuvre. D'ici, j'ai plutôt le constat inverse d'une multitude éhontée de pusillanimités d'où émergent quelques phénomènes intéressants (les blogs français, les immondes Skyblogs en tête) face à la rigueur cultivée et sereine des productions québécoises.
Mais peut-être m'enflammé-je parce que le Québec m'a offert certaines des meilleures surprises que le net ait pourvu, et des relations inespérées avec des mecs qu'on aurait du mal à trouver dans notre pourtant beau pays...
Bref, pas touche aux Québécois, palsambleu !
Et longue vie à Yan, merde alors ! (ceci pour le quota de gros mots).
L'idée de faire une étude sur les blogs me séduit. Car admettons-le, le blog est un phénomène sociologique fort intéressant; souvent une fenêtre dans l'inconscient populaire, une façon d'apercevoir la personnalité cybernétique des gens, un milieu ou les règles sociales ne sont pas les même que dans les relations humaines "traditionnelles". Bref, s'intéresser à l'univers du blog en tant qu'antropologue/sociologue/philosophe me semble une idée fort intéressante (ça me fait sourire, d'ailleurs, parce que j'ai tout récemment eu une conversation du genre avec frérôt, mais à propos de Facebook).
Le problème majeur, c'est l'approche. Comment noter un blog!?! Comment d'ailleurs prétendre, se donner le droit et le pouvoir de noter le comportement des autres, leurs avis, leurs opinions, leur pertinence? Je partage ton outrance! Il s'agit-là d'une belle démonstration d'arrogance infecte!
Certes, certains critères paraissent simili-objectif, comme l'évaluation de la langue, mais là encore, il s'agit non pas d'une étude sur la "capacité littéraire" du Québec, mais bien d'observations sur la maîtrise de la langue écrite des bloggueurs... en oubliant que parfois, comme tu le disais, le choix du langage devient en lui-même un instrument littéraire.
Pompeux parasite de tabarnak de câllisse! (question moi aussi de faire baisser la cote de français de ce blog! ;)).
Al:
Toujours aussi modeste, toujours aussi élégant dans tes propos, éternel gentleman! Je t'adore, bonhomme ;o)
AM:
Ahhhh ça oui! Une étude — une vraie — sur le phénomène, menée d'un point de vue sociologique, ça ne pourrait être que passionnant! :o)
Mais Christian note les blogs en fonction d'une pertinence qu'il détermine subjectivement puis les classe en un palmarès où le lecteur est encouragé à lire, ou à éviter, ses "sujets d'études".
J'vais te dire une chose en laquelle je crois de toutes mes forces: même le pire des blogs qu'il me serait donné de visiter, bourré de fautes, prétentieux, cousus de clichés,de lieux communs mal utilisés, construit à grands coups de cut and paste... oui même un blog comme ça a toute la légitimité d'exister.
Partant du principe qu'il satisfait au moins une personne: son auteur. Après tout, personne d'autre n'est tenu de le consulter.
As-tu remarqué comment Christian descend en flammes des blogs pourtant extrêmement visités? Ça n'est plus une étude, ça. C'est un jugement de valeur.
C'est un désaveu du lectorat. Voire de l'élitisme.
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