… s'il se limitait à nous emplir les narines d'un air parfumé de renouveau; à ravir notre regard de tout ce blanc qui disparaît et de la nature qui reverdie; à caresser notre épiderme d'un vent doux et chaud.
Remarquez, si je n'aime pas le printemps, ce n'est pas tant la faute de la nature à qui on peut rarement reprocher quoi que ce soit, mais c'est plutôt celle des hommes qui la violent et la souillent.
À ce point-ci, vous devez probablement protester devant votre écran; un truc du genre "merde, il nous a fait suer tout l'hiver à se plaindre de la météo, qu'est-ce qu'il vient brailler qu'il n'aime pas le printemps, ce con?"
Venez.
Venez voir. Venez humer.
Venez slalomer.
Venez, je vous jure que je vous offre le café!
Juste avant, nous irons faire un tour dehors; marcher sur les trottoirs; explorer les ruelles.
Car ici, à Vâârdun-Beach, dès que les premiers centimètres fondent, ils partent en laissant derrière eux des choses qui gagneraient à demeurer dissimulées.
Saviez-vous que la merde, ça ne fond pas? En tout cas, pas aussi vite que la neige. Au fur et à mesure que les couches blanches disparaissent, ce qui en reste se parsème de taches sombres. Au bout de quelques jours, c'est une constellation d'excréments qui s'offre à nos semelles sans défense.
C'est proprement (au figuré, hein!) hallucinant de contempler cet affligeant étalage. Ça commence à peine à fondre et y'a de la merde sur mon balcon, de la merde sur mes marches d'escaliers, de la merde dans la cours et autour de ma bagnole (en-dessous aussi, sûrement!), de la merde partout!
Par définition, ce qui dégèle se réchauffe. Habituellement, ce qui se réchauffe dégage des odeurs. Et les fientes verdunoises ne font pas exception à cette loi de la physique. Dehors, mes drôles, ça coince sévère! Heurk!
Mais attendez, ça n'est pas tout! Si vous appelez tout de suite avec votre carte de crédit en main, nous vous enverrons… euh, non, 'scusez, je me laisse emporter. N'empêche que pour le même prix, nous avons droit de surcroît à tous les détritus éparpillés ça et là depuis novembre dernier. D'abord, y'a tout ce que les animaux à deux pattes jettent par terre (bordel, la race humaine me déprime!). Ensuite, y'a le contenu des sacs poubelles oubliés sous la neige, que les charrues ont éventrés et étalés le longs des trottoirs.
Splendide.
Et puis, on trouve de tout quand la neige fond. Tenez, hier en rentrant du boulot, je me suis arrêté devant ma porte et j'ai regardé autour de moi, question de tenter de trouver de quoi me consoler de la morosité qui m'habite. Le temps est dégueu mais au moins, ça fond!
C'est là, pour la toute première fois de l'hiver, que j'ai réalisé que si mon voisin n'a pas déneigé une seule fois son parking cette année, ça n'est pas parce faute de posséder une voiture. Jusque là, je croyais que ce banc de neige n'était que… euh… bin, un banc de neige.
Si ça se trouve, il sera content, le voisin. Certaines personnes retrouvent des choses au printemps. Un porte-clé, par exemple. Peut-être que ce mec était tout malheureux d'avoir paumé sa bagnole dans la neige? D'ailleurs, à en juger par l'état de la ruelle, y'aura sûrement quelques ploucs fous de joie qui s'écriront: "Haaa, viens voir chérie, j'ai enfin retrouvé le contenu du cendrier de la voiture!"
Saviez-vous que la position géographique de Verdun lui confère une particularité dont on se passerait aisément? En effet, sa situation par rapport aux vents dominants en fait un endroit de prédilection pour accueillir tout ce que les cheminées industrielles de Ville Lasalle comptent de crasse quotidiennement vomie vers les nues. Depuis toujours, les particules de poussière suivent une lente trajectoire descendante qui les dépose en une poisseuse pellicule grisâtre sur ma Toyo et un peu partout autour.
Je suis très sérieux. Ici, tu amènes ta caisse au lave-auto, elle en ressort immaculée, tu la parques 48 heures derrière chez toi, et après tu peux écrire "mon voisin d'en arrière est un enculé" du bout de l'index sur la carrosserie. (je précise que le texte est laissé au libre choix de chacun).
'videmment, les bordées de neige successives en voilent habilement les conséquences. Mais quand tout fond, ça forme un tapis dégueulasse.
Et puis, que voulez-vous, le printemps est une saison qui nous soumet à une transition aux conséquences parfois étonnantes. Comme hier matin, par exemple, où sorti fumer une cousue vite-fait, j'avais les deux pieds dans la neige pendant qu'il me pleuvait sur la gueule.
Gauguin avait tout compris. Je devrais me casser en Polynésie pour y crever tranquillement d'un cocktail cirrhose-syphilis.
Au soleil.
Au chaud.
Sur une plage, sous un palmier.
“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”
― Arthur C. Clarke
― Arthur C. Clarke
20080321
J'aimerais le printemps
Commis par Cyberyan à 11 h 18
Cybertag : Random thoughts
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
5 cyberblabla(s):
Tu l'as l'affaire a midi!!!
Je sais que je dois etre la seule bibitte au Québec a aimé l'hiver et quand arrive le printemps, je me sens "birk" comme pas possible. Tout est sale et ca me tape sur les nerfs et ainsi sapper le moral a zero. Sans compter les mecs qui te regarde avec la langue pendu jusqu'a terre en te disant subtilement quand est-ce-que je vais porter ma mini-jupe rase-minou! Batard, les phéromones sont dans les airs tot cette année je trouve!!!
Pour ma part, vivement la banlieu avec les bacs obligatoires!!!
Sinon, va me rester juste a ramasser les tits cadeaux de mon petit 5e et j'ai nommé, mon chien!!! (ca c'est la partie degueulasse du printemps dans mon cas!)
Karla:
Je m'assume, je fais très certainement partie des mecs qui n'en peuvent plus d'attendre que vous remontiez à bord des mouchoirs qui vous font office de jupes. Sauf que ça se voit moins parce qu'avec le temps j'ai su développer l'aptitude de garder ma langue dans ma bouche (quand ça compte, du moins).
Je précise en passant que je ne déplore pas le caca qui a le bon gré de bien vouloir demeurer dans la cours de son créateur. Mais ici, les chats de goutières sont légion et, malgré de nombreux proprios qui se donne la peine d'utiliser les sacs de plastique, il y en a encore trop qui laissent leurs clebs se soulager n'importe où pourvu que ça ne soit pas chez eux.
J'ai une amie qui habite à Verdun by the beach alors je sais très bien ce que tu veux dire.
Le phénomène des crottes animales n'est malheureusement pas réservé à ton quartier. Beaucoup de toutous laissent des petits cadeaux un peu partout alors que le propriétaire a le regard tourné dans une autre direction, les mains dans les poches ... mais sans aucun sac de plastique visible.
Je peux comprendre que ramasser de la marde, ce n'est pas plaisant, mais ça fait partie des joies d'avoir un chien.
Pour ce qui est de la fin de ton texte, je suis d'accord avec toi sur un point : mourir au soleil, au chaud mais je passe mon tour pour le combo cirrhose + syphilis. Y'a sûrement moyen d'avoir les deux premiers critères sans les deux derniers ?
Je découvre ton blog avec ravissement mon cher.
Très vrai que le printemps c'est ben le fun mais c'est là qu'on découvre et retrouve ben des choses qui n'étaient pas nécessairement utile de retrouver...
Macha:
J'abonde en ce sens. C'était juste pour donner une idée d'à quel point chu écoeuré.
Mourir malade sur une plage tropicale ou en santé les deux pieds dans la slush... amène les palmiers!!! :)
Délire:
Merci de ta visite et de ton feedback! :) J'espère que, maintenant que tu connais la place, tu me feras le plaisir de devenir une habituée!
Publier un commentaire