“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”

― Arthur C. Clarke

20080418

Dans l'étobusse

Je fus étonné ce matin, en me hissant à bord de mon transit quotidien vers le Pénitencier, de voir bon nombre d'usagers à la verticale. C'est normalement plus calme à cette heure, les vendredis, et je n'éprouve d'ordinaire aucune difficulté à confier mes fesses à une banquette de bon aloi.

Bien que n'y ayant point été convié par le syndiqué officiant au volant, je ne pu me retenir d'avancééez en arrièrrrrre et me trouvais bientôt à la poupe du bâtiment où — ô surprise! — j'eu le réconfort de dénicher la dernière place vacante. Non que je sois plus qu'un autre enclin à la paresse, mais me faire secouer comme un prunier en m'agrippant à une unique ganse caoutchoutée durant 45 minutes est totalement étranger à mon concept d'une journée qui démarre bien.

C'est donc ainsi coincé entre une p'tite vielle qui se parfume à l'arrosoir de jardin et un gugusse dont l'anonyme insignifiance le condamnait d'office à mon oubli, que je pu enfin constater l'origine de l'inhabituelle saturation affectant le bus:

La vaste majorité des places étaient occupées par de vieilles dames qui caquetaient de concert, ne cachant ainsi rien du fait qu'elles voyageaient en groupe. J'ai souris légèrement lorsque l'une des vieilles poules lâcha l'expression "ça fait une secousse que..."

... une secousse que... Pour elle, c'était une expression ordinaire, du genre de celle qu'on dit sans réfléchir. Pour moi, c'est un terme d'un autre siècle, à l'usage exclusif des personnes du 3e âge. En somme, ça faisait une secousse que je n'avais pas entendu ça.

Trois de ces dames, en particulier, interféraient joyeusement avec le processus de réflexion hautement philosophique auquel j'ai pour coutume de m'adonner durant mes déplacements professionnels.

J'avais beau me concentrer à... rester concentré sur l'écran de mon Palm, de petits bouts de phrases lancées à tous vents m'agaçaient la pensée comme autant de vilaines mouches. À un moment donné, la p'tite dame jouxtant mon flanc droit lâcha quelque chose du genre "De toute façon, à l'âge que j'suis rendue, j'irais pas me montrer toute nue devant un homme! Des plans pour qu'il se sauve en courant!

Ses camarades s'esclaffèrent, gênées, tandis que je me mordais le dedans des joues pour ne pas en faire autant. Une des camarades de ma voisine s'avisa alors de mon amusement et le lui fit remarquer.

"Ben quoi, me déclara la dame en se tournant vers moi, tout sourire. Vous savez, monsieur, j'ai passé l'âge de me mettre nue devant un homme! J'suis pleine de nids de poule!"

Ainsi directement apostrophé, je me voyais — un bref instant du moins — associé par défaut à la discussion en cours. Si je n'y pris pas part, je pu à tout le moins laisser libre cours à mon hilarité.

Ce club évoquant la clientèle du bingodrôme de Vââârdun descendit quelques arrêts avant moi et la dame, passant devant moi, me salua en déclarant "Bonne journée, monsieur. Vous savez, si on ne peut plus rire…"

— Vous avez raison, répondis-je doucement en lui rendant son sourire. Et puis, c'est l'âge du cœur qui importe.

J'étais monté dans cet autobus, quasiment contrarié par la présence de ce groupe de vielles dames qui me saturait le vendredi matin. J'en suis descendu souriant, détendu, regrettant presque de ne pas les avoir suivies. J'ignore où elles allaient, mais elles y auraient du plaisir et de la rigolade.


8 cyberblabla(s):

Anonyme a dit...

Je crois que tu te fais vieux Yan ;o)

NONE a dit...

Pleine de nids de poule ! MOUAHAHAHAHHAHA!!!!!! Non mais elle l'as-tu le sens de la répartie la dame ou quoi!??!?! LOL

Cyberyan a dit...

Mike:
Ça fait un bail que c'est commencé! ;)

Moon:
J'te l'dis, elle était mourante, la madame!

(euh... mourante dans le sens de drôle, tsé. Pas qu'elle était à l'article de la mort. Quoique)

NONE a dit...

Nice pic ;)

Anonyme a dit...

C'est une anecdote très savoureuse. Le moins que l'on puisse dire c'est que la dame a le sens de l'humour. Ça nous change de l'image de pruderie qu'on colle peut-être trop facilement aux personnes du 3e âge.

Je suis d'accord avec Moonlady : nice pic :-)

Anonyme a dit...

:-) elle a gardé son sens de l'humour en tout cas....


C'est une blonde qui entre chez Rona, elle demande au comis "monsieur je voudrais avoir une échelle de Richter". Et le comis de lui répondre " ha la madame, ca va prendre une tite secousse" :-)))

Cyberyan a dit...

Moon:
Héhé mici! Je l'ai bidouillée un peu, question de ne pas êtes trop facilement reconnu. Tsé, pour pas me faire arracher mon linge sur la rue par des hordes de femmes fanatiques :oP :oD mwahaha!

Macha:
Oui, ça m'a épaté aussi :o) Et merci pour la pic :D

Cricri:
Merci, tu viens de m'offrir mon premier sourire de la journée :D

Anonyme a dit...

:-)

LA DETTE DU QUÉBEC