“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”

― Arthur C. Clarke

20080705

Non, toi non!

Enfant, j'ai fait plusieurs voyages en France. Une visite chez ma grand-mère était aussi inévitable que désirée.

Une vieille dame toute fragile et absolument adorable, ma grand-maman. Elle habitait une très vieille maison de pierres à Bazeilles-sur-Othain (Googlelez-le! C'est creux en bâtard!).

Je me rappelle comme ma soeur et moi aimions monter à l'étage et explorer les chambres, depuis longtemps inoccupées. Celle qui, jadis, avait été la chambre de ma mère, nous intéressait particulièrement. Je me rappelle un placard où une ampoule nue éclairait une sorte de table à maquillage où de vieux rouge-à-lèvres finissaient de tomber en poussière.

Je me rappelle aussi le vieux "pick-up" que nous avions dégotté, avec une pile de 45 tours juste à côté. On s'était bien amusés, la soeur et moi, à écouter ce que nous prenions pour les airs favoris de ma maman et de mes tantes, trente années plus tôt. Dans le tas, y'avait un disque que nous avons fait jouer particulièrement souvent. L'air était amusant, un peu coquin, certes irrévérentieux pour deux bambins habitués à autre chose.

Je ne sais pas du tout qui chantait ça, mais on a dû la faire jouer jusqu'à passer au travers du vynil, parce qu'encore aujourd'hui, je me rappelle par coeur les paroles de la chanson:

On pourrait aller à la piscine municipale.
— J'viens avec vous!
— Non, toi non.
Pour voir les gens apprendre à se noyer.
Et crier "Au secours, y'a un requin dans la piscine!"
On se cacherait pour voir
quel effet ça fait.

J'viens avec vous!
Non, toi non!
J'viens avec vous!
Non, toi non!
J'viens avec vous!

Non, toi non!
Mais pourquoi?
Parce que non!

On pourrait aller tous ensemble à la plage municipale.
— J'viens avec vous!
— Non, toi non.
Pour voir les gens se mettre de la crème à bronzer.
On remplacerait la crème par de la mayonnaise.
On se cacherait pour voir
quel effet ça fait.

J'viens avec vous!
Non, toi non!
J'viens avec vous!
Non, toi non!
J'viens avec vous!

Non, toi non!
Mais pourquoi?
Parce que non!

On pourrait aller tous ensemble à tes funérailles.
— J'viens avec vous!
— Non, toi non!
Pour voir si tes amis vont vraiment pleurer.
Tu pourrais faire "coucou!" en sortant de ta boîte.
On se cacherait pour voir
quel effet ça fait.

J'viens avec vous!
Non, toi non!
J'viens avec vous!
Non, toi non!
J'viens avec vous!

Non, toi non!
Mais pourquoi?
Parce que non!

Peut-être que mes potes Français reconnaîtront cette chanson. Quoi qu'il en soit, je ne sais pas du tout pourquoi cet air m'est revenu en tête récemment, comme il le fait depuis toujours, de façon cyclique. Mais j'avais envie de vous en toucher un mot.

Ça fait déjà un moment que ma grand-mère s'en est allée nous préparer le terrain, dans l'ailleur où elle nous attend tous avec son sourire bienveillant. Mais la vieille maison appartient toujours à la famille.

Faudrait bien que j'y retourne. Que je retourne fredonner cet air en traversant les champs, sous le soleil Lorrain, en effleurant du plat de la main les coqueliquots qui teintent encore mes souvenirs d'enfance.

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LA DETTE DU QUÉBEC