On vit une époque formidable, comme disait Reiser. Faut que je vous raconte une anecdote qui, à mon humble avis, témoigne d'un nouveau phénomène social tout à fait ahurissant.
Comme plusieurs l'ont remarqué récemment, j'ai délaissé Internet depuis quelques semaines. C'est arrivé comme ça, un matin, sans raison… Je n'ai pas eu envie d'aller lire mes mails et de passer quelques heures sur Facebook, Twitter ou sur mon blog. Il n'y a eu, à ce que je sache, aucun élément déclencheur. Je ne suis simplement pas allé à l'ordi parce que je n'en avais pas envie.
Dans les jours qui ont suivi, certains de mes proches m'ont rapporté avoir été contactés par plusieurs de mes amis qui s'inquiétaient de mon absence facebookienne. Ils venaient aux nouvelles et demandaient confirmation que j'allais toujours bien et qu'aucune catastrophe ne m'était advenue.
Sur le coup, j'ai trouvé ça amusant. J'ai trouvé ça "cute" aussi, et je me suis senti touché par ces inquiétudes à mon endroit. Bien sûr, je me suis senti un peu coupable envers mes amis des craintes que mon absence soudaine leur avaient inspiré. J'ai pensé que je devais vite me reconnecter et rassurer tout le monde comme quoi j'allais bien et que j'étais désolé de leur avoir fait de petites frayeurs.
Et c'est là que ça m'a frappé: j'étais sur le point de m'excuser pour avoir été absent de Facebook !
En sommes-nous rendus là, mes drôles? En 2010, sommes-nous devenus subordonnés aux réseaux sociaux que nous avons créés pour notre divertissement? Jusqu'où vont nos responsabilités et obligations envers les gens que nous côtoyons sur ces sites? C'est tout de même stupéfiant d'avoir à répondre de notre absence sur Facebook, non?
Je suis, bien évidemment, désolé si certains de mes amis se sont légitimement inquiétés de ma brusque absence du web. Mais je vais vous faire une confidence: j'ai essayé de vivre sans Internet; on peut!
