“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”

― Arthur C. Clarke

20070920

Tranche de vie

J'adore ça. Vraiment. Me faire dire le matin même, à un quart d'heure du départ pour l'école, que je dois aider mon fils avec un devoir non terminé! Faut dire qu'il avait sauvegardé son document sur mon ordi et qu'il est chez sa mère cette semaine.

Ce matin donc, ce fils de con me bouscule pour parachever un travail d'anglais sur Mario Lemieux. Il est parti de la maison à toute vitesse pour ne pas être en retard à l'école. Ce n'est qu'au moment de mon départ pour le travail que j'ai remarqué sa boite à lunch restée sur la table. Contrarié, j'attrape l'objet et je pars de chez moi en me disant que j'en serai quitte pour un détour par son école. Je suis en colère mais l'image de mon gars assis à se tourner les pouces dans la café pendant que ses amis mangent me crève le cœur.

Il fait un temps splendide. Je suis en habit, j'ai mon sac et le lunch de Yohan. Je hâte le pas. J'ai chaud. Et je fustige mentalement ma progéniture et sa damnée distraction lorsque je réalise que je suis parti sans mettre de ceinture!

Outre le fait que mes pantalons tombent légèrement, la ceinture occupe une fonction esthétique incontournable lorsqu'on travaille en costume-chemise-cravate. Je rage!

J'arrive à l'école où la réceptionniste reçoit la boite à lunch de Yohan en souriant. "Ça doit être la journée" me dit-elle en la déposant à côté d'une demi-douzaine d'autres. Elle n'a pas remarqué que mon futal veut recouvrer sa liberté car je tiens mon sac en bandoulière légèrement par-devant moi.

Je ressors du Collège et me dirige sur Ste-Catherine où je finis par trouver une boutique de vêtements pour homme. J'y entre, j'explique que je suis parti de chez moi en oubliant ma ceinture, on me sourit, et on me désigne un étalage susceptible de me procurer de quoi mettre un terme à mon désarroi vestimentaire.

J'observe les ceintures proposées avec un certain étonnement. Une envie folle me prend d'expliquer au petit vendeur que je ne m'en vais pas donner un show au Forum mais bien juste travailler dans un bureau. Puis je regarde autour de moi et constate que mon choix de boutique fut discutable. Je me retiens encore de dire au jeune que je reviendrai vingt ans plus tôt et je me barre.

Plus loin, j'entre au Château où j'ai droit à une nouvelle volée de sourires après avoir expliqué que je venais palier à un malencontreux oubli. Je trouve enfin une ceinture dont la sobriété est inversement proportionnelle au coût et je me remets en route pour le travail, plus pauvre mais moins exposé à me faire surnommer Ludwig Von Bite-au-Vent.

J'ai chaud, je transpire, j'accélère le pas en me demandant comment je vais expliquer mon énorme retard à mon patron.

C'était la première fois que j'admirais le côté ouest de l'édifice qui abrite nos bureaux. Ça m'a donné l'occasion de remarquer qu'une des fenêtres du 19e étage est obstruée par une planche de contre-plaqué.

J'ai tout de suite eue l'image d'un mec se faisant défenestrer.

Peut-être avait-il lui aussi quitté la maison sans ceinture?

1 cyberblabla(s):

Anonyme a dit...

Y'a de ces journées, comme ça...

LA DETTE DU QUÉBEC