L'Halloween étant à nos portes, il me paraît approprié de vous raconter une anecdote qui s'inscrit dans la tradition des contes insolites. C'est CRICRI qui m'en a donné l'idée avec ce billet sur son blog. Ça m'a vraiment donné la chair de poule :oP
Et vous, avez-vous des choses troublantes ET VRAIES à raconter?
Voici mon petit récit. Il est authentique.
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Permettez-moi tout d'abord une mise en contexte.
Ma mère n'est pas du genre à donner dans le paranormal. L'ésotérisme, ça n'est pas sa tasse d'athée, comme on dit. Cependant, elle croit que l'être humain n'est pas conscient de l'ensemble de ses capacités "cervicales".
Ainsi, ma maman a toujours soupçonné que les êtres humains sont soit "émetteurs" soit "récepteurs". J'entends par là que nous aurions certaines facultés à nous rejoindre au niveau subconscient (un peu comme la télépathie) mais que certaines personnes sont davantage aptes à envoyer des messages tandis que d'autres sont plutôt douées pour les capter.
C'est ainsi, en tout cas, que ma très cartésienne de mère rationalisait une faculté qu'elle s'était découverte.
Ma mère est Française. Elle a émigré ici en 1967 pour suivre mon papa qu'elle avait connu et épousé alors qu'il servait dans l'armée de l'air canadienne en France. Une des particularités qui l'a toujours impressionnée à propos de sa patrie d'adoption, ce sont les ours. Elle en a peur. Elle en est venue à croire que dans son esprit, les ours représentent un danger.
Quand nous étions petits ma sœur et moi, s'il advenait que ma mère fasse un mauvais rêve impliquant un ours, elle s'éveillait en sursaut. Elle se rendait alors au chevet de ma sœur ou au mien et, invariablement, l'un de nous deux était malade, ou faisait de la fièvre, ou un truc du genre.
À tort ou à raison, ma mère était certaine que lorsqu'un des ses gamins était mal, il devait émettre un signal quelconque qu'elle captait durant son sommeil et que son subconscient lui retransmettait… sous forme d'ours.
De là, donc, sa conviction que les gens émettent ou reçoivent des "ondes". Elle, elle se savait réceptrice.
Mais assez de préambule, je passe à mon récit. :o)
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LE SONGE
Bais James, quelque part entre mon 8e et mon 10e anniversaire. Par une nuit banale, ma mère fait un rêve étrange et dérangeant qu'elle nous narre ainsi le lendemain:
"Je voyais une pièce entièrement noire, sans murs." (Si vous avez connus Sol & Goblet, quelque chose dans ce genre-là). "Dans cette pièce il n'y avait qu'une porte et une commode 'pour homme'. Un de ces meubles comptant une seule rangée de 5 ou 6 tiroirs.
"Il y avait un homme dans la pièce. Il portait un pantalon pour tout vêtement. Je ne pouvais pas voir son visage. J'ignore qui c'était. Il s'est approché de la commode et a ouvert un tiroir. L'intérieur du tiroir était entièrement capitonné, comme un cercueil. Et une vieille dame toute ridée, vêtue de noir, y était allongée.
La vieille dame est sortie du tiroir. L'homme semblait la craindre. En ricanant, la vielle dame a pris les mains du jeune homme et s'est mise à danser avec lui en tournoyant dans la pièce. L'homme est finalement parvenu à se dégager. Il a couru vers la porte et, accroché à la poignée, il tentait de toutes ses forces d'ouvrir l'huis, en vain."
Sur fond sonore des ricanements de la vieille dame, ma mère s'est éveillée sur l'image de l'homme s'acharnant désespérément à ouvrir cette porte.
Heureusement, nous faisons très rarement des rêves qui nous laissent mal à l'aise longtemps. En revanche, bien que rares, ils sont terriblement perturbants.
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L'ACCIDENT
Au cours de la journée du lendemain, ma mère a reçue la triste nouvelle du décès d'un de ses amis. C'était un musicien. Quelqu'un dont elle n'avait pas eu de nouvelles depuis plusieurs années.
"Comment est-ce arrivé?" s'était-elle enquit, submergée par cet étrange camaïeux d'émotions qui nous imprègne à l'annonce d'un proche décédé.
Ça s'était passé dans la nuit. Un bête, très bête accident de voiture. L'ami de ma mère était parti plus tôt dans la soirée avec ses potes musiciens pour donner un spectacle dans la région de Gatineau. Ils étaient quatre dans la voiture si ma mémoire est bonne.
À un moment donné, ils avaient dû stopper devant la barrière abaissée d'un pont-levis. Le genre de pont comme Victoria, dont la plateforme centrale s'élève pour laisser passer les bateaux. Ils avaient attendu passablement longtemps mais toujours pas de bateau à l'horizon. Craignant d'être en retard pour donner leur spectacle, ces bardes téméraires s'étaient aventurés très lentement sur le pont. Il était toujours en place. Erreur de signalisation… Ils le franchirent donc et se rendirent offrir leur prestation.
Sur le chemin du retour, plus tard dans la nuit, même scénarii; signal, barrière abaissée, le temps qui passe… ça semble long… l'obscurité règne en maître… on décide d'avancer… évidemment, cette fois-ci, le pont est levé et la voiture plonge dans l'eau noire.
Selon ce que ma maman a pu glaner comme information, le pare-brise aurait cédé sous l'impact et c'est par là que les trois compagnons de son ami ont pu sortir. Quant à l'ami en question, assis à l'arrière, on ne saura jamais s'il a simplement paniqué, s'empêchant ainsi de suivre ses copains.
Il fut retrouvé à sa place, à l'arrière de la voiture, les mains crispées sur la poignée de porte.
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LE DÉCLANCHEUR
Pourquoi ma mère? Elle ne l'avait pas revu depuis très longtemps. Et elle était loin, tellement loin du lieu du drame!
À ce sujet, elle avait sa petite idée, qui partait de sa nature "réceptrice". Il fallait remonter encore plus loin dans le temps… à une journée où ma mère et ce gars-là roulaient dans la même voiture et où, suite à une perte de contrôle, le véhicule s'était engagé dans un plan d'eau. Rien de brutal mais bien assez pour faire peur.
Peut-être qu'au moment de mourir, ce monsieur aura, l'espace d'un instant, repensé à la seule autre fois où il s'était retrouvé dans une position semblable.
Bien que je sois résolument cartésien, ce type d'histoires me trouble. Particulièrement lorsqu'elles sont rapportées par des individus dignes de confiance. Et c'est en perçant occasionnellement l'obscurité d'un regard soucieux que j'ai rédigées pour vous ces lignes au milieu de la nuit.
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