“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”

― Arthur C. Clarke

20071127

Bon matin, mon lapin !

Ma douce me brasse doucement l'épaule. "Chéri, y'est 6 heures" marmonne-t-elle encore endormie. Putain, il fait encore noir comme dans l'orifice anal d'une personne de minorité visible.

Ne pas me rendormir… ne pas me rendormir… si je ne pars pas tôt, le trafic sera infernal pour rentrer à Montréal. Je parviens à m'asseoir sur le bord du lit. Je cherche mes vêtements à tâtons. Pendant que je me vêts, nous échangeons quelques banalité pourtant importantes: "Passe une bonne journée", "Je t'appelle ce soir", "Je t'aime"…

Le radar fonctionne assez bien puisque ayant visé au jugé, mon bisou lui arrive dans le cou et non sur l'oreiller. Ma main fouille l'obscurité et trouve mon sac. Je marche vers la porte et passe dans le couloir. Puis je ressens une fraîcheur inhabituelle.

Je pose mon sac, reviens dans la chambre et déclare à ma copine:

— Sais-tu quoi?

— Quoi? Qu'est-ce qu'y a? murmure-t-elle, déjà pressée de replonger dans le sommeil pour quelques minutes additionnelles.

— Je pense que je vais mettre mon pantalon. Ça sera beaucoup mieux pour sortir.

Pendant qu'elle s'esclaffe, j'enfile mes jeans en réalisant que je vais devoir être prudent au volant. J'ai déjà été mal réveillé, mais jamais encore au point d'enfiler mes boxers, mes chaussettes et mon T-Shirt en omettant mes culottes.

J'ai récupéré mon sac, mis ma veste de cuir et mes bottes. Madame ricanait encore lorsque je suis sorti de chez elle. J'ai l'impression qu'on parlera de moi aujourd'hui à son bureau.

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Il tombe de la merde.

C'est pas assez froid pour être de la neige ni assez chaud pour de la pluie. C'est gros et lourd et ça vous coule de la nuque jusqu'à la craque des fesses. Je démarre et mets la radio. Déception: Arcand n'est pas au poste cette semaine. Benoît Dutrizac le remplace.

Suis-je le seul au Québec à trouver que Dutrizac est ahurissant d'insignifiance? Son parlé est à classer juste en-dessous de celui d'un chauffeur de towing; son ton est soporifique; la pertinence est totalement absente de ses propos et il ne rate jamais l'occasion d'étaler son ignorance. Je ne comprends pas et ne comprendrai jamais comment il arrive à faire carrière. Il suce le patron ou quoi?


Benêt Dutrizac

Incapable de le subir davantage, je passe au AM. J'aurai au moins quelques informations à défaut de commentaires éditoriaux acceptables.

-=-

Il est 6H10.

Le trafic est déjà une horreur. Le chroniqueur à la circulation nous débite, blasé, la longue liste d'emmerdes auxquelles nous avons droit ce matin. Accidents, sorties de routes, travaux, pannes…

Comme si ça n'était pas suffisant, il semble que deux génies aient parkés un poids-lourd et une bétonnière sur la voie d'accotement de la 640, entre la 13 et la 15, pour aller se chercher du café au Tim Hoston's sis à proximité! La curiosité provoquée par ces camions immobilisés accroît les difficultés de circulation déjà présentes.

Merde! L'aiguille de ma jauge à essence est déjà de retour dans son habitat naturel! Mon réservoir est percé ou quoi?

Le mec de la circulation a fini son oraison funèbre et conclue son bulletin en nous avisant que l'essence est à $1,17 ce matin. Un chapelet de propos à haute teneur scatologique gicle de ma bouche.

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Carte Air Miles oblige, je tette mes dernières vapeurs de pétrole pour atteindre la station Shell juste avant le pont Champlain. L'avantage, quand le gaz est cher, c'est que t'en mets pas beaucoup et que tu es donc exposé moins longtemps aux intempéries. J'enrichie la monstrueuse multinationale de vingt dollars et deux sous (les réflexes ne sont pas encore au rendez-vous à cette heure) et me rends à la caisse en attrapant un café au passage.

Alors que j'attends mon tour d'être arnaqué, un bonhomme entre et demande à la ronde si quelqu'un sait où est l'hôpital de Montréal.

— Faut qu'ch'prenne Champlain pis qu'j'aille monter Atwater?

— Vous allez à quel hôpital? lui demandé-je. L'hôpital de Montréal pour enfants?

— L'hôpital, là! Sur Atwater! précise-t-il avec un à-propos qui ne vous aura pas échappé.

— C'est pour quel âge? s'enquiert le mec devant moi dans la ligne.

— A l'a 47 ans. C'est ma femme. A l'a un rendez-vous pour une chirurgie.

Les chances que sa destination soit le Children's viennent de diminuer de façon significative.

Anyways, éludé-je, si c'est sur Atwater, prenez Champlain et vous aurez une sortie pas longtemps après.

Le bonhomme baragouine des remerciements et ressort. Je raque ma soupe de carbone et mon caoua. Comme j'atteints la porte pour ressortir, je croise mon perdu qui revient en affirmant à quelqu'un qui le suit: "Enwèye, j'te paye un café."

Une dame entre derrière lui. Elle a un pansement sur la mâchoire. Elle objecte qu'elle peut pas; que l'docteur y a dit d'être à jeun.

— Lui, qu'y aille chier! contre-argumente ce digne représentant de l'espèce humaine.

Je remonte dans ma voiture et démarre. J'ai de la chance: je peux regagner la ligne d'attente pour Champlain avec aisance puisque seulement six voitures ont obstinément refusé de ralentir pour m'en offrir l'opportunité.

-=-

Le café fait du bien. J'allume une clope et repasse au FM. À cette heure-ci, je devrais au moins être bon pour entendre les chroniqueurs habituels. Claude Poirier discute le bout gras avec ce cher Benoît et il est question du piétinement de l'enquête sur la disparition de la petit Cédrika Provencher qui a coûté à ce jour aux environs d'un demi million de dollars.

Dutrizac trouve que c'est beaucoup d'argent et se demande à combien on peut évaluer la valeur d'une vie humaine. Il s'emballe un peu, râle, déplore l'inefficacité de la police. Plein de choses ne tournent pas rond dans cette histoire. Ils n'ont même jamais déclanché l'alerte Amber.

Un peu mal à l'aise, Poirier le coupe et plaide qu'une alerte Amber n'était pas pertinente dans les circonstances.

Dutrizac persiste: quand même, il s'agit de la disparition d'une petite fille!

Imbécile.

Tu ne sais même pas de quoi tu parles. T'es à la radio. Montréal t'écoute. Ton partenaire vient de t'offrir une opportunité de mettre un frein à ton auto-humiliation publique. Et toi, t'en remets une couche.

Poirier lui explique que l'alerte Amber existe pour des cas très particuliers. Quatre critères doivent être rencontrés pour la déclancher, dont le moindre n'est pas d'avoir une excellente idée de qui on cherche.

Je parviens enfin chez moi. Je suis content: j'échappe au reste des inepties de l'abruti chargé de remplacer notre bon Paul et je n'ai rien oublié des choses dont j'avais mentalement pris notes dans le but de rédiger ce billet.

La journée peut commencer.



4 cyberblabla(s):

Léa a dit...

Mouhahahahahahahahahaaaaaaaaaaa!!!!! Fallais ête ROYALEMENT endormi pour oublier tes jeans!!!


Ahahahahahaha Merci de ce fou rire ce matin, j'en avais besoin!!! LMAO

Cyberyan a dit...

caroline:
Hé hé hé! J'te jure que j'invente rien. J'en revenais pas moi-même. Content d'avoir mis un ti-rayon de soleil dans ta journée.

J'devrais p't'être me promener les fesses à l'air plus souvent...

Anonyme a dit...

Fais attention! C'est peut-être comme ça que commence l'exhibitionnisme! ;oP

Sinon, c'était la journée pour les cons aujourd'hui. Ce matin, dans le métro, y'avais un imbécile d'assis dans mon vagon (moi j'étais debout, et la petite dame d'approximativement 87 aussi, si je puis me permettre d'ajouter!). Le type sort de son sac une banane, commence à l'éplucher, et lance allègrement ses pelures sur le plancher du métro! Une dame qui est debout à côté de lui lui passe la remarque que ça n'est pas très fort, comme comportement. Le bonhomme, en colère, se met à l'insulter, la traitant de tous les noms. Alex, à côté de moi, bouille littéralement. Il finit par se mêler à la "conversation", et le type l'ignore complètement, trop occupé qu'il est à insulter la dame. "Laisse faire, finis-je par lui dire. Quand on est insignifiant comme lui l'est, ça ne vaut même pas la peine d'essayer de s'en mêler". Alex n'est pas vraiment convaincu, mais comme les choses se calme à côté, il abandonne. Un homme à côté de moi qui lisait dans son livre précédemment me sourit. Lui aussi a tout vu. "Vous faites la voix de la raison, madame?" me demande-t-il. "J'essaie" que je réponds. En fait, j'essayais surtout de me convaincre moi même de ne pas ramasser ses pelures et de les lui lancer au visage! ;oP

Cyberyan a dit...

AM:
Je trouve que c'est de pire en pire, le métro. C'est pratiquement la journée des cons tous les jours, là-dedans ;)

LA DETTE DU QUÉBEC