“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”

― Arthur C. Clarke

20080227

Jeux Olympyan d'hiver

Les yeux fermés, l'athlète se concentre. Dans un instant se joueront certaines des minutes les plus déterminantes de son existence. Depuis l'autre côté du portail, la surface luisante et glacée le met au défi. Il sait qu'il va devoir dépasser des limites déjà intouchables, limites qu'il a lui-même fixées lors de prestations antérieures. Calme, les sens aiguisés, l'athlète est prêt.

Mais peut-on encore user de pareil euphémisme? À ce degré de brio, le terme "athlète" n'est plus qu'un pâle reflet, une ombre vaporeuse, un balbutiement de la réalité. C'est désormais d'artiste qu'il faut parler! Car poussé par ses maintes motivations, l'homme a su transformer son sport en art.

Le voilà qui s'élance! Attentif au moindre vacillement, il place son sens de l'équilibre au premier plan de ses fonctions physiologiques. Imperceptiblement, il repère les contours de son tracé, note mentalement les pièges du parcours, ajuste son centre de gravité. Son corps a toujours une mesure de retard sur son esprit alors qu'au moment-même où il effectue chaque figure à la perfection, il réfléchit déjà à la suivante.

Mû par l'instinct plutôt que par la pensée, il n'a de cesse de s'encourager mentalement. "Tu peux le faire! Tu SAIS le faire! T'es un champion! LE champion! Tu connais ce tracé sur le bout des doigts, sur le bout des pieds, plutôt! Restes concentré, tu y es presque!

L'homme cours sus au succès, bien sûr. Mais c'est surtout la peur qui le pousse. La peur de l'échec, la peur de la honte… s'il devait chuter en cet instant, sous les regards des gens qui l'entourent… Mieux vaut ne pas y songer!

Avec une mæstra qui confine les foules à admiration, l'homme termine sa routine en un dernier glissement souple. Il transpire, il est essoufflé, mais il est fier! À nouveau il a su offrir une performance impeccable.

Modeste, il se retient de lever les bras au ciel alors que, tout sourire, il monte abord de l'autobus 107 dont le plancher lui semble un véritable podium.

En route pour une autre journée de boulot. Putain de glace. Putain d'hiver.

4 cyberblabla(s):

NONE a dit...

mouahahahahah je sais pas pourquoi mais je me doutais de la fin ;) LOL

Cyberyan a dit...

Moon:
Ça doit être ton instinct hivernal :)

Anonyme a dit...

Faudra un jour que tu nous racontes comment tu fais pour descendre les marches de ton balcon d'en avant, l'hiver! ;)

Cyberyan a dit...

AM:
Impossible. Les nombreux traumatismes crâniens consécutifs aux multiples chutes dans lesdites marches me l'ont fait oublier.

Paraît que c'est normal d'après l'docteur.

LA DETTE DU QUÉBEC