“Two possibilities exist: either we are alone in the Universe or we are not. Both are equally terrifying.”

― Arthur C. Clarke

20080331

DÉ*LIRE

Je déteste quand ma main droite devient glaciale. Ça se produit parfois quand je suis fatigué, ou anxieux, ou que j'ai froid tout simplement. Ça arrive évidemment parce que ma dextre est trop longtemps restée lovée sur ma souris. Dans ces temps-là, j'ai le réflexe de la glisser sous ma cuisse, quelques secondes. Mais le pilotage d'un ordinateur requiert l'utilisation quasi-constante de cette frileuse qui, en bout de ligne, ne parvient aucunement à retrouver son niveau calorifique de confort.

Déséquilibre.

Préambule flagrant d'insignifiant mais j'avais envie de l'écrire. Dingue comme parfois on laisse nos doigts courir sur les touches du clavier pour assister, en spectateur étonné, à la naissance des mots qui défilent à l'écran.

Y'a comme quelque chose de percé et ça coule. Folle et futile fuite qu'il serait vain de prétendre endiguer, voire éponger.

Ma main est froide. C'est tout.

Amertume.

Des fois c'est l'âme qui refroidi. C'est ce que je ressens quand mon esprit est pris d'une sorte de "numbness". Pardonnez ce mot anglais. Le terme approprié aurait dû être "engourdissement". C'est juste que j'aime bien, moi, le mot numb. Dans la bouche, il traduit plus précisément l'état dont je parle. Il a le goût et fait l'effet de ce qu'il dit, de ce qu'il est.

Mon âme a froid, à l'occasion. Je crois que c'est du à des contact par trop prolongés avec des surfaces à fortes propriétés thermophages. Elles me siphonnent mon énergie et me laissent abruti et perplexe. Le plus sournois dans tout ça, c'est que l'énergie — source de chaleur — a une propension à décroître de manière exponentielle. Logique: moins y'a de chaleur, moindre est la barrière protégeant du froid. Plus y'a de froid, moins y'a de chaleur.

Hallucination d'illusoire mirage.

Pour ajouter au problème, la chaleur de l'âme n'est pas spontanée. L'âme n'étant qu'une batterie accumulant les énergies que nous prodiguent les soleils de nos réalités respectives. C'est quand ces soleils déclinent qu'une glaciale obscurité commet son crime frigorifique. C'est dans ce temps là que la précieuse chaleur de mon âme s'évapore dans le néant, perdue pour moi comme pour tout le monde.

Car c'est en cela que réside le drame réel, la sale et vicieuse onde de choc. Parce que chacun de nous, autant que nous sommes, sommes le soleil d'autres âmes.

Déroute.

Lorsque mon âme se refroidi et qu'une impitoyable noirceur la conquiert, je tends à m'éteindre. Il fait alors un peu moins clair, un peu moins chaud dans l'âme d'autrui.

Il est de ces situations où l'on se résigne à couper l'eau lorsque la plomberie se lézarde et se fend. En lui retirant sa prime fonction, on limite les dégâts. Pareil pour un moteur qui surchaufferait. Tourner la clé de contact; mettre un frein aux frictions; laisser la machine reposer.

Seuil esseulé de solitude.

L'âme n'est point munie d'un commutateur et aucune switch ON/OFF ne viendra au secours de mon esprit fatigué. C'est fort dommage.

Je cesse ici et m'en retourne vers le mirage du sommeil, fuire la réalité un bref instant et ce, sur un humble conseil:

Si le délire que constitue ce billet vous a, à juste titre, dérouté, rendez-vous service: dé-lisez-le.

LA DETTE DU QUÉBEC